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LIVRET A : UNE HAUSSE DES TAUX DONT IL FAUT SE MÉFIER

Le taux du livret A devrait être revu à la hausse au 1er août 2023. Si les premières estimations tablaient sur une hausse de plus de 4% (en suivant la règle de calcul habituelle), il est fort probable que le prochain taux soit légèrement en dessous. Si cette petite augmentation a tout de même le mérite de réjouir certains épargnants, cela nous pousse à nous interroger sur les conséquences qu’elle aura. 

Et s’il ne s’agissait finalement que d’un trompe l’œil ?

Livret A : fonctionnement et méthode de calcul des taux

Accessible dès la naissance et auprès de toutes les banques, le livret A est un compte épargne garanti par l’État. Il permet de mettre de l’argent de côté sans aucuns frais. Sécurisé et liquide, son plafond est de 22 950€. Il est à ce jour le livret d’épargne le plus plébiscité par les Français. La preuve ? Il en existe plus de 55 millions, ce qui représente un taux de détention de près de 81%.

Depuis le 1er février 2023, le taux d’intérêt annuel du livret A est passé de 2 à 3 %. Ce taux de rémunération est révisable deux fois par an, au 1er février et au 1er août. Il devra donc changer d’ici quelques semaines…

Pour le calculer, on se base sur l’inflation des 12 derniers mois et sur le niveau des taux interbancaires dans la zone euro. Si on se base sur ces chiffres, le prochain taux du livret A devra atteindre les 4,3% ! Mais en réalité, les économistes misent plutôt sur une hausse autour de 3,6%. 

Ces annonces font considérablement augmenter l’encours. Au premier trimestre 2023, 20 milliards d’euros ont été collectés, ce qui porte l’encours total à près de 530 milliards d’euros… 

Comme Alireza Gorzin, président de BFG Capital, le fait remarquer : « Les Français ont peur de manquer d’épargne et pensent faire une bonne affaire en voyant des chiffres à la hausse. Là où le livret A marque des points, c’est qu’il semble, depuis son existence, être recommandé par l’Etat et surtout distribué par toutes les banques de France. Pour beaucoup, surtout dans la génération de nos parents, avoir un livret A et y placer des économies faisait partie d’une logique de vie. 

Malheureusement, cette “facilité d’épargne” contraint les épargnants à ne pas se renseigner davantage sur d’autres types de placements, pourtant bien plus efficients. »

Il ajoute : « Le livret A représente un gain assuré pour les banques. S’il est recommandé par l’Etat et distribué par toutes les banques, il a aussi un plafond et un rendement quasi systématiquement inferieur à l’inflation.

Quand Gouvernement et ministère des Finances préfèrent que l’épargne des Français soit orientée vers les investissements faisant évoluer l’économie, les banques, elles, ont d’autres priorités. Elles ne sont que trop contentes de voir les épargnants en manque de culture F abuser d’un placement pensé pour être de liquidité. De les voir l’utiliser comme un placement de rentabilité. Ainsi, les banques se voient prêter des deniers par les Français qui y déposent massivement leurs économies. Elles peuvent alors investir stratégiquement et prêter sous forme de prêt affecté (immo, véhicule, consommation, etc…) aux mêmes clients préteurs de deniers… ».

Que fait l’Etat avec l’argent du livret A ?

Nous en parlions déjà en ce début d’année : l’Etat utilise l’argent de votre livret A, et ça, que vous le vouliez ou non !

Si depuis toujours, l’utilisation de l’argent du livret A était camouflée sous un filet opaque, cela tend à changer depuis quelques années. Historiquement, le livret A a toujours financé le logement social. Depuis peu, il finance également le renouvellement urbain. La Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui centralise la plus grande partie des fonds collectés, utilise l’argent pour prêter aux organismes du logement social sur le long terme. Le taux de crédit est indexé sur le taux du Livret A. Cela signifie que plus le taux augmente, plus les coûts des nouveaux prêts souscrits par les organismes de logement social sont élevés. Autrement dit, si le taux du livret A augmente, la rénovation et la construction des HLM seront pénalisées.

Mais le logement social n’est pas le seul bénéficiaire de l’argent du livret A. La collecte permet également de financer les entreprises, et bien sûr de rémunérer les épargnants. En creusant, on constate aussi que ce portefeuille financier permet d’acheter de la dette française.

Aujourd’hui, l’argent collecté pourrait servir à d’autres causes. Par exemple, dans le cadre de l’examen du projet de loi de programmation militaire, des députés avaient déposé en avril un amendement visant à mobiliser une partie de l’encours du livret A et du LDDS en faveur du financement de l’industrie de la défense. Au titre de l’article 45 de la Constitution, cet amendement a été, heureusement, déclaré irrecevable.

Mais cela n’est-il pas la porte ouverte à d’autres financements de ce type ?

Pourquoi la hausse du taux n’est pas forcément une bonne nouvelle ?

Si les épargnants ont l’impression de gagner plus d’argent avec cette hausse, il faut être conscient qu’avec le taux actuel de l’inflation, rappelons-le à 6%, le taux du livret A affiche en réalité un rendement négatif de l’ordre de -3%.

Le livret a toujours bénéficié d’une bonne presse, et malheureusement, le manque de culture F n’aide ici en rien.

Alireza Gorzin ajoute : “Quand la presse et l’Etat annoncent un taux du livret A en hausse, les épargnants se réjouissent, car ils se disent qu’ils vont forcément gagner de l’argent ! Et là, deux problèmes se présentent. Premièrement, le livret A n’est pas fait pour gagner de l’argent. Certains confondent donc le fait d’épargner et le fait d’investir. Deuxièmement, ils ne prennent pas en compte le taux de l’inflation, et se laissent alors guider par la peur, plus que par la raison. On pourrait résumer ces deux problèmes en un : le manque de culture F est encore trop présent en France !” 

Une hausse des taux n’est donc pas forcément une bonne nouvelle. D’autant plus que si elle peut réjouir les épargnants, elle serait préjudiciable pour les emprunteurs. En effet, les banques pourraient être tentées de compenser l’augmentation du taux en augmentant à leur tour le coût d’autres produits, dont le crédit immobilier.

S’il est déjà difficile d’emprunter cette année, cette hausse n’aidera en rien. La législation en vigueur permet à la Banque de France de proposer une mesure dérogatoire au ministre de l’Économie en cas de circonstances exceptionnelles. La situation du crédit immobilier étant depuis quelques années catastrophique, espérons que M. Bruno Le Maire agisse en conséquence. 

En conclusion

La hausse des taux n’est que la partie émergée de l’iceberg. La culture F fait une nouvelle fois défaut dans cette analyse. Si l’utilisation de l’argent des épargnants par l’Etat n’est pas une mauvaise chose, cela devra être davantage expliqué et annoncé aux clients des banques.

Aujourd’hui encore, la plupart des Français n’ont aucune idée du fait que leur argent n’est jamais réellement endormi. Beaucoup passent aussi certainement à côté d’opportunités plus rémunératrices, pourtant disponibles et tout autant accessibles.

Globalement avec le Livret A, si vous décidez de l’utiliser à contre nature, ce sera comme au casino, la banque gagnera toujours…

C’est pourquoi BFG Capital prend à cœur son rôle dans la démocratisation de la culture F, et prend le temps d’expliquer ces différences sur les réseaux. 

Pour toute information supplémentaire à ce sujet, nos Capital Managers sont à votre disposition par mail à l’adresse contact[@]bfgcapital.com